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CHAVOUOT

 

CHAVOUOT ET LE DON DE LA TORAH

Du 23 au 25 mai 2015

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 Chavou‘ot I

Que célébrons-nous à Chavou‘ot ?

Chavou‘ot, connu comme le jour où nous célébrons le Ma‘amad Har Sinaï (le don de la Torah), commémore cependant d’autres thèmes. Ce cours expliquera ces thèmes et se concentrera ensuite sur l’héritage éternel créé par le Ma‘amad Har Sinaï et qui définit l’essence de la mission du peuple juif : la Torah, la foi juive, l’identité juive et les mitsvot (commandements).

Le deuxième cours de Morasha sur Chavou‘ot abordera les Dix Commandements, la façon de se préparer à recevoir la Torah le jour de Chavou‘ot, la Méguilat Ruth et les coutumes de Chavou‘ot que sont la veillée consacrée à l’étude de la Torah et la consommation de repas lactés.

Dans ce cours, nous étudierons quelques questions fondamentales concernant Chavou‘ot :

  • Quels thèmes la fête de Chavou‘ot  commémore-t-elle ?
  • Pourquoi le Ma‘amad Har Sinaï occupe-t-il une place si importante dans l’histoire juive ?
  • Comment son impact est-il éternel et continu ?
  • Pourquoi le Ma‘amad Har Sinaï constitue-t-il le fondement de la foi juive ?
  • En quoi la fête de Chavou‘ot est-elle essentielle à l’établissement de notre identité juive ?
  • Quel est le rôle des mitsvot dans la concrétisation de notre mission ?

Plan du cours :

 

Introduction.   La Torah – Amener la Présence de D. dans le monde

 

Partie I.           Que représente Chavou‘ot ?

A. La fête des semaines

B. La fête de la récolte des premiers fruits

C. Le jour du jugement des fruits de l’arbre

D. La fête du don de la Torah

 

Partie II.         L’impact éternel du Ma‘amad Har Sinaï

A. La Torah constitue le but de la Création

B. Na‘assé vénichma – S’engager à être Juif

C. Le fondement de la foi pour toutes les générations

D. Créer une identité juive unique

E. Les mitsvot nous ont été données afin de perfectionner les hommes et de parfaire le monde

F. Insuffler la spiritualité dans le monde matériel

G. Chaque Chavou‘ot, nous recevons à nouveau la Torah

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Introduction. La Torah – Amener la Présence de D. dans le monde

A quoi le mot « Torah » nous fait-il penser ? Au récit biblique d’Adam et Eve, à Noa’h, aux patriarches et aux matriarches, à Moché (Moïse) et à la sortie d’Egypte ? Au système complexe de lois et de rituels que la Torah prescrit ? Où pense-t-on à la Torah en termes plus généraux – comme étant la force spirituelle la plus influente et à la portée la plus considérable qui ait jamais pénétré le monde ; introduisant le monothéisme et les valeurs fondamentales de moralité, de sainteté de la vie, de ‘hessed (bonté) et d’éducation ?

Chavou‘ot est la fête du don de la Torah. Qu’est-ce que la Torah pour nous ? Afin de répondre à cette question, nous devons résoudre un autre problème : Pourquoi D. nous a-t-Il donné la Torah ? Pourquoi le Créateur de l’univers a-t-Il désiré transmettre Sa sagesse divine à un mortel ?

La réponse est que D. nous donna la Torah afin de manifester Sa Présence dans notre monde matériel. La Torah nous enseigne que ce monde a été créé comme moyen de développement spirituel et d’accomplissement des commandements de D. pour l’humanité. Plutôt que de fuir la matérialité – ce qui constitue la perception commune de la spiritualité – la Torah nous dit de l’embrasser, de l’utiliser et de l’élever en un véhicule pour l’acquisition de la sainteté.

En étudiant Sa Torah et en observant Ses commandements, nous développons une relation avec D., qui est l’essence même de la spiritualité. La Torah est donc le moyen de faire pénétrer le divin dans notre monde, donnant sens et but à notre existence.

Partie I. Que représente Chavou‘ot ?

Chavou‘ot est surtout connu pour la commémoration du Ma‘amad Har Sinaï, lorsque D. donna la Torah au peuple d’Israël sur le Mont Sinaï. Fait intéressant, la Torah elle-même décrit Chavou‘ot différemment, ne mentionnant pas le don de la Torah. En effet, elle définit Chavou‘ot comme étant la fête célébrant la fin du compte du Omer, les sept semaines entre Pessa‘h et Chavou‘ot (voir notre cours sur Séfirat Ha‘omer). Une offrande spéciale, constituée de deux pains, est apportée à Chavou‘ot. La Torah mentionne également Chavou‘ot comme la fête où nous célébrons la récolte des premiers fruits. Par ailleurs, le Talmud la décrit comme le jour où D. juge le monde et décrète de la productivité des arbres fruitiers pour l’année à venir. Bien que ces thèmes puissent sembler disparates, certains d’entre eux sont, en fait, liés au don de la Torah.

A. La fête des semaines

 

La Torah nous ordonne de compter quarante-neuf jours, depuis le deuxième jour de Pessa’h, et de célébrer la fête de Chavou‘ot le cinquantième. Ce jour-là, la Torah nous ordonne d’amener une offrande spéciale constituée de deux pains confectionnés à base de farine de blé.

 

  1. Vayikra (Lévitique), 23 : 15-17– Le compte du Omer et l’offrande des deux pains le jour de Chavou‘ot.

 

   Vous compterez chacun, depuis le lendemain du Chabbat [Pessa‘h], depuis le jour où vous aurez offert le ‘Omer du balancement, sept semaines ; elles doivent être entières. Vous compterez jusqu’au lendemain de la septième semaine, soit cinquante jours ; et vous offrirez une oblation nouvelle [de deux pains] à l’Eternel. De vos habitations, vous apporterez du pain destiné au balancement, deux pains qui seront faits de deux dixième-éphah- de farine fine et cuits à pate levée.

2. Dévarim (Deutéronome), 16 : 9-11 – Le compte des semaines de Pessa‘h à Chavou‘ot.

Tu compteras sept semaines : aussitôt qu'on mettra la faucille aux blés, tu commenceras à compter ces sept semaines. Et tu célébreras la fête de Chavou‘ot en l'honneur de l'Éternel ton D. à proportion des dons que ta main pourra offrir, selon que l'Éternel, ton D. t'aura béni. Et tu te réjouiras en présence de l'Éternel ton D.… En réalité, le terme même de « Chavou‘ot » (semaines), que la Torah utilise pour parler de la fête, fait allusion à l’apogée d’un processus de sept semaines, qu’elle représente.

3. Ménorat HaMaor, Lumière3, Partie 5, Ch. 1 – Le nom Chavou‘ot (La fête des Semaines) fait allusion à l’apogée du compte des sept semaines du Omer.

Cette fête est appelée par la Torah : « La fête de Chavou‘ot (des semaines) » car elle a lieu à la fin de sept semaines complètes. C’est aussi l’une des explications du terme ‘Atsérèt, par lequel le Talmud décrit Chavou‘ot. ‘Atsérèt signifie littéralement la fin ou la cessation de quelque chose, et selon Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, cela se rapporte au fait qu’à Chavou‘ot nous finissons (ou cessons) de compter le ‘Omer.

4. Kédouchat Lévi, Chavou‘ot – Pourquoi la fête de Chavou‘ot est-elle aussi appelée ‘Atsérèt (achèvement) ? Elle a lieu à la fin des quarante-neuf jours du compte du ‘Omer.

Il m’a été demandé une fois, lorsque j’étais en Lituanie, pourquoi la fête de Chavou‘ot est appelée « ‘Atsérèt ». La Torah n’emploie ce terme qu’en rapport avec ChéminiAtsérèt [le dernier jour de Soukkot]…Comme nous pouvons le constater, toutes les fêtes portent des noms directement liés aux événements qui se sont produits ce jour-là. C’est vrai de toutes les fêtes à l’exception de Chavou‘ot, qui est nommée d’après la mitsva du compte [qui a d’ailleurs déjà été achevée]. Nous devons donc comprendre pourquoi cette fête est appelée d’après quelque chose ayant déjà eu lieu, [et la réponse est :] car c’est la fin de la mitsva… et c’est la raison pour laquelle nous fêtons Chavou‘ot. Elle conclut la mitsva de compter que D. nous a ordonnée. C’est aussi pour cette raison qu’elle porte le nom de ‘Atséret qui signifie « achèvement ».

Le Ramban (Na’hmanide) va un peu plus loin dans cette idée, expliquant que Chavou‘ot est appelée un ‘atsérèt car c’est la fin de la période temporelle qui a débuté avec Pessa‘h, de même que ChéminiAtsérèt conclut la fête de Soukkot.

5. Ramban, Vayikra 23 : 36Chavou‘ot est appelée un ‘atsérèt car elle conclut la période festive qui a débuté avec Pessa‘h, de même que ChéminiAtsérèt conclut la fête de Soukkot.

Il nous a ordonné d’observer la fête des Matsot pendant sept jours, avec sainteté au début et à la fin… et Il compta quarante-neuf jours après cela… et Il sanctifia le huitième jour [i.e, le jour qui suit immédiatement les sept semaines] comme le huitième jour de la fête [Soukkot], et les jours comptés entre-temps sont comme ‘Hol Hamo’èd [les jours de mi-fête] entre le premier et le dernier jour de Soukkot. [Ce cinquantième jour] est le jour du don de la Torah, lorsqu’Il leur montra Son grand feu et ils entendirent Ses paroles émanant du feu. Pour cette raison nos Sages, de mémoire bénie, appelle toujours Chavou‘ot « ‘Atsérèt » – elle s’apparente au huitième jour de Soukkot, que la Torah décrit ainsi.

Le Ramban explique donc que Chavou‘ot est inextricablement lié à Pessa‘h, et que toute la période du ‘Omer, qui débute à Pessa‘h et se termine à Chavou‘ot, est en réalité comme une longue fête. Ainsi, les quarante-neuf jours du ‘Omer sont comme ‘Hol Hamo’èd (Les jours de mi-fête) de la fête de Soukkot, qui relient le premier jour de Soukkot à ChéminiAtsérèt.

Mais en quoi l’achèvement des sept semaines du ‘Omer est-il si important ? Et quel rapport cela a-t-il avec Matan Torah (Don de la Torah)? La réponse est que les quarante-neuf jours du ‘Omer visent à relier la fête de Pessa‘h à celle de Chavou‘ot, associant les miracles de la sortie d’Egypte au don de la Torah. Les jours du ‘Omer constituent un « compte à rebours » jusqu’à Chavou‘ot.

6. Séfer Ha’hinoukh, Mitsva #306 – La Torah, essence du peuple juif, et notre délivrance. Afin d’accepter et d’observer la Torah ayant eu lieu à Pessa‘h, il nous est ordonné de compter de Pessa‘h à Chavou‘ot. Nous exprimons ainsi notre grand désir de la recevoir.

Etant donné que la Torah constitue l’essence du peuple juif, et que les cieux et la terre, ainsi que le peuple juif, n’ont été créés que pour elle… c’est la raison pour laquelle [les Hébreux] furent délivrés de l’Egypte, afin qu’ils puissent recevoir la Torah sur le mont Sinaï et qu’ils l’accomplissent, comme D. le dit à Moché : « Et cela sera pour toi un signe que Je t’ai envoyé : Lorsque tu sortiras le peuple de l’Egypte, vous servirez D. sur cette montagne. »…Ainsi, la Torah étant l’essence du peuple juif et que c’est à son égard qu’ils furent délivrés et ont atteint le niveau de grandeur  auquel ils sont parvenus, il nous a été ordonné de compter depuis le lendemain du premier jour de Pessa‘h jusqu’au jour du don de la Torah. Ceci afin de montrer notre grand désir

Plus que cela, cependant, les jours du ‘Omer sont censés constituer une période d’introspection et d’amélioration personnelle. A Chavou‘ot, nous devrions émerger d’une longue période pendant laquelle nous avons travaillé (au maximum de nos capacités) à perfectionner nos traits de caractère et à faire de nous des personnes dignes de recevoir la Torah. Chavou‘ot marque ainsi la fin de cette phase d’effort spirituel et, dès lors, d’éveil spirituel.

7. Rabbi Yisroel Miller, A Gift for Yom Tov, p. 109 – La période du ‘Omer est un moment de préparation spirituelle pour Chavou‘ot, jour de révélation de la Torah.

Même de nos jours, les quarante-neuf jours entre Pessa‘h et Chavou‘ot sont censés être des jours de préparation spirituelle. A la suite du premier Pessa‘h, nos ancêtres se préparèrent à recevoir la Torah de D., directement. Et nous, dans chaque génération, devons également mettre à profit ces jours pour se préparer à Chavou‘ot, à accepter personnellement la Torah, chaque année de nouveau.

8. Rabbi Akiva Tatz, Living Inspired, pp. 158-160 – Le compte du ‘Omer représente l’effort intense qui est investi dans nos efforts de perfectionnement du soi.

Comprenons bien. Le ‘hiddouch (l’idée novatrice) que nous devons saisir ici est que le fait de compter ne constitue pas, selon la Torah, le marquage sentimental du passage du temps vers un objectif ; c’est la construction de cet objectif. Compter, c’est travailler. Compter signifie tenir compte et développer parfaitement, conséquemment et dans le bon ordre, chaque composante d’un processus. Ce n’est que lorsque chaque détail est minutieusement créé et assemblé que l’objectif peut être atteint… La Séfirat Ha‘Omer est un compte de la sorte. La transcendance de Chavou‘ot, de la Torah, n’est pas atteinte par un seul acte, mais par une construction minutieuse et réfléchie de chacun des sept jours des sept semaines qui mène à celle-ci. Chavou‘ot résulte d’un tel travail.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi la conclusion de la période du ‘Omer justifie l’instauration d’une fête, ainsi le terme « Chavou‘ot » et le vocable talmudique « ‘Atsérèt » font tous deux allusion à cette aspect de la fête. Le ‘Omer est une période intense de développement spirituel et de perfectionnement du soi, et, arrivés à la fin du ‘Omer nous avons achevé un processus extraordinaire de transformation. Nous sommes devenus de dignes réceptacles de la Torah.

B. La récolte des premiers fruits

En plus de marquer la fin du compte du ‘Omer, la fête de Chavou‘ot constitue un jalon dans le domaine agricole : le début de la saison de la récolte.

1. Chémot (Exode), 23 : 16 – Offrir les bikourim.

« La fête de la moisson, fête des prémices de tes biens que tu auras semés dans la terre. » L’offrande des deux pains fait allusion à cet aspect de Chavou‘ot, étant donné que le blé du début de la moisson est consacré à ce sacrifice.

2. Sforno, Vayikra 23 : 17 – L’offrande des deux pains provenait de la moisson des premiers blés.

Le ‘Omer était le début de la moisson de l’orge, et [l’offrande des deux pains] était le début de la moisson du blé. C’est la raison pour laquelle la fête est appelée « le jour des premiers fruits. » Il semblerait que la moisson ne soit l’occasion de se réjouir que pour les agriculteurs qui la récoltent, mais le Midrach nous révèle que tous les membres du peuple juif doivent célébrer la fête de la moisson. 

3. Sifri, Ré’éh 137Tout le monde fête Chavou‘ot, même ceux qui n'ont rien récolté.

« Et tu célébreras la fête de Chavou‘ot en l'honneur de l'Éternel ton D. ». Mais il est aussi écrit : « La fête de la moisson, fête des prémices de tes biens. » Tu aurais pu penser que seul celui qui a récolté doit célébrer la fête, mais celui qui n'a rien à récolter ne la célèbre point. C'est pourquoi il est écrit : « Et tu célébreras la fête de Chavou‘ot en l'honneur de l'Éternel ton D. », que ta récolte ait été productive ou pas.Fête marquant le début de la saison de la moisson, Chavou‘ot est aussi le premier moment de l’année où il est permis d’accomplir la mitsva des bikourim – amener les premiers fruits des sept espèces au Temple et les offrir à un Cohen.

4. Michna, Bikourim 1 : 3 – Chavou‘ot est le premier jour de l’année où il est permis d’accomplir la mitsva des bikourim.

Les Bikourim ne peuvent être apportés avant Chavou‘ot. Les habitants de Mont Tsvoïm apportèrent leurs bikourim avant Chavou‘ot et ils ne furent pas acceptés car la Torah dit : «La fête de la moisson, fête des prémices de tes biens que tu auras semés dans la terre. » 

C. Le jour du jugement des fruits de l’arbre

Le Talmud révèle cependant une autre caractéristique de la fête de Chavou‘ot. La Michna nous dit que D. juge le monde à quatre reprises dans l’année. Bien que le plus connu soit Roch Hachana, jour où un jugement général est prononcé sur tout un chacun dans le monde, il existe certains phénomènes naturels qui ont leur propre jour de jugement. A Chavou‘ot, D. décrète de la productivité des arbres fruitiers pour l’année à venir.

1. Michna, Roch Hachana 1 : 2 – Le monde est jugé sur la productivité des arbres fruitiers à Chavou‘ot.

[Chaque année] le monde est jugé quatre fois… À Chavou‘ot, il est jugé pour les fruits des arbres. Selon certains commentateurs, cela explique l’offrande unique des deux pains qui est apportée au Temple le jour de Chavou‘ot.

2. Barténoura, ibid.Nous offrons deux pains de blé à D. afin que Son jugement soit favorable et la récolte abondante.

La Torah nous demande d'offrir deux miches de pain à Chavou‘ot afin que D. bénisse pour nous les fruits de l'arbre. [Les deux pains font allusion aux fruits de l’arbre car] le blé est appelé « arbre » par la Torah, comme il est dit : « De l'arbre de la connaissance du bien et du mal », selon l'opinion suivant  laquelle l'arbre dont Adam a mangé [dans le jardin d'Eden] était du blé.

D. La fête du don de la Torah

L’aspect le plus connu de la fête de Chavou‘ot est la commémoration du Ma‘amad Har Sinaï, jour où D. donna la Torah au peuple d’Israël sur le Mont Sinaï.

1. SiddourChavou‘ot est le jour où le peuple d’Israël reçut la Torah.

Ce jour de la fête de Chavou‘ot, le moment du don de la Torah. En vérité, contrairement aux autres fêtes, celle de Chavou‘ot n’est pas identifiée par un jour particulier du calendrier, mais comme le cinquantième jour après l’offrande du ‘Omer. Débutant le deuxième jour de Pessa‘h, lorsque le ‘Omer est apporté, quarante-neuf jours sont comptés, et le lendemain – le cinquantième – c’est Chavou‘ot.

Cependant, il semble étrange que la Torah ne mentionne pas explicitement que la fête de Chavou‘ot célèbre le Ma‘amad Har Sinaï. Si c’est la signification du jour, pourquoi la Torah ne le mentionne-t-elle pas ? En outre, pourquoi l’offrande spéciale des deux pains coïncide-t-elle avec la date du don de la Torah ? Existe-t-il une relation quelconque entre cette offrande apportée en sacrifice et l’évènement que Chavou‘ot vient célébrer ?

2. Kli Yakar, Vayikra 23 : 16 – Le verset omet de préciser que la Torah a été donné à Chavou‘ot afin de ne pas limiter le don de la Torah à un jour particulier. Chaque jour, une personne doit sentir qu’elle vient tout juste de recevoir la Torah au Mont Sinaï.

« Vous offrirez à l'Éternel une oblation nouvelle [composée de deux pains]. » Ceci fait allusion au jour du don de la Torah, car la Torah doit paraître nouvelle à l'homme, comme s'il venait de la recevoir au Mont Sinaï.

 

La raison pour laquelle la Torah ne mentionne pas explicitement que ce jour est le jour du don de la Torah… D. ne voulait pas limiter le don de la Torah à un seul jour, car l'homme doit sentir chaque jour de l'année que c'est aujourd'hui qu'il a reçu la Torah au mont Sinaï… Ainsi, les Sages disaient que les mots de la Torah doivent paraître nouveaux chaque jour, non pas comme quelque chose de dépassé qui ne revêt plus aucun intérêt pour la personne. Et la vérité est que l’on trouve vraiment quelque chose de nouveau dans la Torah chaque jour. C'est pourquoi le jour où elle nous a été transmise n’a pas été spécifié, mis à part l'allusion dans le mot « nouveau », afin de nous enseigner que la Torah est comme une nouvelle offrande chaque jour.

Afin de commémorer le don de la Torah, il nous a été ordonné de considérer Chavou‘ot comme un évènement vraiment festif, où sont servis de somptueux repas. En fait, le Talmud nous dit qu’à Chavou‘ot, plus qu’à toute autre fête, notre célébration doit s’accompagner de nourriture et de boisson.

3. Talmoud Bavli (Le Talmud Babylonien), Pessa’him 68b – A Chavou‘ot, les Sages du Talmud s’accordent : Tout le monde doit célébrer la fête avec de la nourriture et de la boisson.

Rabbi Yehochou‘a… dit qu'être joyeux pendant la fête est aussi une mitsva. Comme il a été enseigné : Rabbi Éliézer dit que pendant la fête, une personne doit soit manger et boire, soit étudier la Torah. Rabbi Yehochou‘a dit qu’elle doit diviser ce jour en deux : la moitié pour manger et boire, et l'autre moitié pour s'asseoir au Beth Hamidrach [et étudier la Torah]. Les deux Sages déduisent leurs enseignements du même verset. Un premier verset nous enseigne : « C'est ‘Atséret (rassemblement / cessation) pour l'Éternel ton D. » (Dévarim 16 : 8) ; un autre verset dit : « Ce sera une ‘Atséret pour vous » (Bamidbar 29 : 35).

4. Rachi, ibid. – A Chavou‘ot , nous nous réjouissons avec de la nourriture et de la boisson afin de montrer notre plaisir de recevoir la Torah ce jour-là.

Le « pour vous » est aussi requis car une personne se réjouit avec des aliments et des boissons pour montrer que le jour où Israël a reçu la Torah est un jour agréable et plaisant.Cette obligation de manger, de boire et de se réjouir le jour de Chavou‘ot peut être tout simplement comprise comme une indication de l’importance de la Torah pour le peuple juif.

5. Pélé Yoèts, ‘Atsérèt – L’anniversaire du don de la Torah est un événement qui justifie une fête et une réjouissance extraordinaires.

Chavou‘ot est une fête très sainte, lors de laquelle D. nous a sanctifiés de Sa Torah et de Ses mitsvot et nous a choisi parmi les nations pour être Son peuple bien-aimé. Si ce n’était ce jour-là, nous serions comme Sodome et Gomorrhe, et les cieux et la terre n’auraient pu exister. Il convient donc de se réjouir en ce jour. Et il est impossible de ne pas se réjouir car la Torah et les mitsvot sont meilleurs pour nous que toutes les bonnes choses de ce monde et que toute la vie du Monde futur.

Il est intéressant de noter que l’étude de la Torah et l’observance des mitsvot sont toutes deux connues pour améliorer incommensurablement la qualité de vie de l’homme en ce monde. Il n’existe pas de vie aussi joyeuse que celle consacrée à la Torah et aux mitsvot, comme illustré par l’histoire suivante.

Dans l’une de ses conférences, le grand sage Rav Aharon Kotler mentionna qu’une personne qui soutient financièrement l’étude de la Torah jouira de la même récompense dans le monde futur que ceux qui l’étudient eux-mêmes. Apres ce cours, un homme riche l’approcha et lui demanda : « Rav, pourquoi devrais-je me fatiguer à étudier la Torah ? Il me suffit de faire des dons aux institutions de Torah pour m’assurer une récompense incommensurable dans le monde à venir ? »

Rav Kotler considéra gravement l’homme en question et lui répondit : « Il est vrai que votre part dans le monde futur sera la même, mais votre vie dans ce monde ne sera pas comparable ! »

Partie II. L’impact éternel du Ma‘amad Har Sinaï

La révélation du Sinaï, qui eut lieu à Chavou‘ot, fut un évènement important, si ce n’est le plus important, dans l’histoire du monde. En quoi le don de la Torah est-il si important ? Examinons quelques-unes des manières dont la Torah façonne nos vies et notre monde.

A. La Torah est le but de la Création

Lorsque le peuple juif accepta la Torah au Mont Sinaï, il y eu des répercussions cosmiques, l’univers entier en fut affecté. En fait, l’univers tout entier trouva sa raison d’être du fait de leur décision – car, lorsque D. créa l’univers, c’était à la condition que les Juifs accepteraient finalement la Torah.

1. Yirmiyahou (Jérémie) 33 : 25 – Si les enfants d’Israël n’avaient pas accepté la Torah sur le Mont Sinaï, le monde aurait cessé d’exister.

Ainsi parle D. : « Si ce n'était pour Mon pacte [de Torah] avec le jour et la nuit, alors je cesserais de fixer les lois du ciel et de la terre. »

2. Rachi, Béréchit (Genèse)1 : 31 – Le monde n’a été créé que grâce à ce jour notable où la Torah serait donnée, le six du mois de Sivan.

« Le sixième jour ». La Torah a ajouté la lettre (l’article « le ») à la fin de la Création… [Pour faire allusion au fait que] le sixième jour, tout [dans la Création] a été suspendu, jusqu'au sixième jour, qui est le six Sivan, [le jour] prévu pour le don de la Torah.De plus, l’étude de la Torah est tellement cruciale que l’existence même du monde n’est possible que par l’étude constante de la Torah.

3. Rav ‘Haïm de Volozhin, Nefech Ha‘haïm, Porte IV, Ch. 11 – S’il n’y avait ne serait-ce qu’un seul instant où la Torah ne serait pas étudiée dans le monde, le monde entier cesserait d’exister.

Et la vérité est qu’il ne fait nul doute que si le monde entier était vide, même un seul instant, de notre implication et de notre étude de la Torah, tous les mondes, à la fois les mondes spirituels supérieurs et les mondes matériels inferieurs, seraient détruits instantanément et serait réduits à néant, D. préserve. Autant que cela puisse être vrai à l’échelle globale, ça l’est aussi à l’échelle individuelle. Oui, l’étude de la Torah maintient l’existence du monde, mais elle rend également notre vie possible en tant qu’individu.

4. Rav Chimchone Rafaël Hirsch, ‘Horev, pp. 86-88 – La Torah est le fondement de la vie.

Chavou‘ot représente le fondement de l'âme du peuple juif. C'est la commémoration de la révélation des enseignements avec lesquels D., qui a donné à Israël son existence en tant que Nation par le biais d’une liberté physique, désigne à présent le corps libéré de la nation comme étant le porteur de Ses enseignements. C'est ce qui a complété spirituellement ce qui avait été entamé physiquement en Égypte. Chavou‘ot est donc la commémoration de la Révélation du Sinaï, le fondement de la vie…

 

Chavou‘ot est l'origine divine et la validité éternelle des enseignements et du mode de vie qu'Israël a en sa possession en tant que Loi révélée dans le but d'être respectée et accomplie. D. assigne chaque chose dans la nature et l'humanité à la tâche qui lui est propre ; Il affecte l'espèce humaine à sa mission et aspire à ce que les actions de l'homme soient au service de Sa volonté, et c'est dans ce but qu'il révèle Sa volonté. Plus précisément : le D. Unique est le Législateur d'Israël. Le seul et unique devoir d'Israël est de porter et d’accomplir cette loi divine et de devenir ainsi une dynastie de prêtres et une Nation sainte. La Torahvient de D. et est la raison d’être d’Israël. Résolution : T’accrocher à cette Torah plus qu'à ta propre vie, car c'est pour l'accomplir que D. t'a fait naître dans la maison d'Israël. Tout ceci conduit à la יראה, la crainte de D..

A Chavou‘ot, nous devons prendre conscience que l’étude de la Torah est bien plus qu’un simple passe-temps. La Torah est la raison d’être du peuple juif et l’essence de nos vies. Son étude et Son observance sont bien plus que l’accomplissement d’un, ou de plusieurs, préceptes ; c’est ce qui définit notre rôle en ce monde. Il est donc fort probable que ce soit la plus essentielle de toutes nos activités, le but pour lequel D. nous plaça, à l’origine, dans ce monde.

B. Na’assé vénichma – S’engager à être Juif

Lorsque nos ancêtres se tinrent sur le mont Sinaï, ils ne signèrent pas simplement « sur la ligne pointillée » pour accepter la Torah, mais s’engagèrent à suivre la volonté de D. et Ses commandements de manière inconditionnelle. Leur déclaration « Na’assé vénichma » –  « Nous accomplirons et nous écouterons » est de celle qui résonna à travers les générations, porteuse d’un message clair. Lorsqu’il s’agit de notre relation à D. et de notre acceptation de la Torah, nous n’avons pas hésité ou attendu de voir ce que les commandements impliquaient avant de nous y soumettre. Au contraire, nous avons déclaré notre volonté d’accepter la Torah et d’observer ses préceptes, confiants que D. ne nous demandera de faire que ce qui est bon pour nous.

 

1. Chémot 24 : 7 – Le peuple d’Israël proclame qu'il place sa confiance en D. et Sa Torah, et qu'il est déterminé à suivre les commandements avant même de les comprendre.

Et il [Moché] prit le livre de l'Alliance dont il fit entendre la lecture au peuple ; et ils dirent : « Tout ce qu'a prononcé l'Éternel, nous l'accomplirons et nous écouterons [nous comprendrons] ». L’acceptation de la Torah par le peuple d’Israël est le symbole d’une volonté hors du commun d’obéir à la volonté de D., en contraste frappant avec le refus de toutes les autres nations.

2. Mekhilta, YitroA l’ origine, D. proposa la Torah aux autres nations, mais elles refusèrent de se plier à ses principes moraux.

D. se révéla aux enfants d'Essav, l'impie, et leur demanda : « Voudriez-vous accepter la Torah ? » Ils demandèrent : « Qu’est-ce qui y est écrit ? » Il répondit : « [Il est dit :] Tu ne tueras point. » Ils lui répondirent : « [Le meurtre] constitue l’héritage que nous a transmis notre ancêtre [Essav], comme le dit le verset : « Tu vivras de ton épée. » »

 

Il apparut aux enfants d’Ammon et Moav [les descendants de Loth] et leur dit : « Accepteriez-vous la Torah ? » Ils demandèrent : « Qu’y est-il écrit ? » Il répondit : « Tu ne commettras point d’adultère. » Ils lui dirent : « Nous sommes tous le fruit d’une relation adultérine, comme il le dit le verset : « Et les deux filles de Loth conçurent de leur père. » Comment pourrions-nous l’accepter ? »

 

Il apparut aux descendants de Yismaël et leur dit : « Voudriez-vous accepter la Torah ? » Ils lui demandèrent : « Qu’y est-il écrit ? » Il répondit : « Tu ne voleras point. » Ils lui dirent : « C’est la bénédiction qui fut adressée à notre ancêtre, comme il est écrit : « Il sera un homme sauvage » et il est dit : « car il a volé » ».

 

Lorsqu'Il approcha le peuple d’Israël : « Avec dans Sa Main droite le feu de la religion pour Son peuple ». Ils ouvrirent leur bouche et proclamèrent : « Tout ce qu'a prononcé l'Éternel, nous l’accomplirons et nous l’écouterons. »

Les nations du monde refusèrent d’accepter la Torah, justifiant leur refus en prétendant que les exigences de la Torah allaient à l’encontre de leurs inclinaisons naturelles. En d’autres termes, ils refusèrent de soumettre leur penchant naturel aux exigences de la Torah ; ils insistèrent pour maintenir leur mode de vie et leur culture, qui cautionnent les comportements immoraux et impies. Le peuple juif, de son coté, n’eut aucune hésitation. Ils embrassèrent immédiatement la Torah de D., s’engageant à observer Ses commandements avant même de savoir ce qu’Il leur demanderait. Ils atteignirent ainsi des niveaux spirituels élevés. En fait, selon le Talmud, leur acceptation de la Torah sans équivoque les plaça au niveau spirituel des anges.

3. Talmud Bavli, Chabbat 88a – La capacité d’agir comme des anges.

Rabbi Él‘azar dit : « Lorsque les enfants d’Israël s'exclamèrent « nous accomplirons » avant « nous écouterons », une voix descendit du ciel et leur dit : « Qui a dévoilé à Mes enfants ce secret que seuls les anges utilisent ? » Comme dit le verset : « Bénissez D., ô anges puissants, qui accomplissez Ses ordres, qui écoutez la voix de Sa parole. » D'abord ils agissent et seulement ensuite ils écoutent. » Comment le peuple juif a-t-il atteint ce niveau ? D’où ont-ils puisé la force, la détermination et l’entendement pour accepter la Torah sans hésitation ? Lorsque les Juifs se tinrent au mont Sinaï, la vérité de l’existence de D. était claire et limpide. Ils comprirent implicitement qu’ils furent créés pour accomplir la mission que D. a assignée au monde. Une fois qu’ils avaient saisi le but de leur existence, il ne faisait aucun doute qu’ils accepteraient la Torah, car ils avaient compris que leur seule fonction en ce monde était de servir D.. Leur acceptation inconditionnelle de la volonté de D. était simplement fonction de cette reconnaissance.

4. Rabbi Shalom Brezovsky, Netivot Chalom, Moadim, Vol. II, p. 345 – La signification de « Nous accomplirons, et [seulement ensuite] nous écouterons » est qu’au Sinaï, nous avons fait de la volonté de D. notre volonté.

Le fait de faire précéder « nous écouterons » de « nous accomplirons » représente le concept de l'annulation totale de soi [devant la volonté de D.]… Et ceci était le niveau des enfants d’Israël lorsqu'ils reçurent la Torah… Ils s’annulèrent complètement devant D; cette annulation de soi se traduit par « nous accomplirons » et seulement ensuite « nous écouterons. » Avant même d'avoir entendu un quelconque commandement, ils avaient déjà accepté Sa volonté et étaient prêts à la réaliser. Ceci est l'annulation complète de nos pensées et de notre volonté à la volonté de D.

Lorsque les Juifs atteignirent le niveau élevé de soumission totale à la volonté de D., ils acquirent un tel niveau de spiritualité qu’ils voyaient à travers le voile de la matérialité qui dissimule le vrai sens du monde. Au mont Sinaï, les enfants d’Israël ont reconnu que tout devait être soumis à la volonté de D.. Forts de la clarté de cette compréhension, ils purent reconnaître leur rôle dans ce monde.

5. Rabbi Noson Weisz, Mayanot, Aish.com – Le Ma‘amad Har Sinaï nous a permis de clarifier notre objectif et de nous unifier afin de l’atteindre.                    

 

Le peuple, qui se tenait au mont Sinaï, a pu avoir une perception absolument limpide de l'âme du monde, alors que le monde physique passait au second plan, généralement occupé par les affaires d'ordre spirituel. La rencontre entre l'Assemblée d'Israël et D., prenant place à un tel niveau de spiritualité, a clairement montré le lien spirituel existant entre tous les Juifs, ainsi que le rapport entre D. et Israël. Ce n'est pas par hasard que lorsque Moïse retrace les événements du mont Sinaï dans le livre de Dévarim, il conclut ses propos avec la déclaration classique de l'unité absolue de D. et de l'union régnant entre D. et le peuple juif, ainsi qu’entre le Juif et son prochain, à savoir le Chéma : « Écoute, ô Israël, l'Éternel est notre D., l'Éternel est Un. »

 

C. Le fondement de la croyance pour toutes les générations

L’importance éternelle de la révélation du Sinaï est en partie due au fait qu’elle est la base de la foi juive à travers les millénaires qui s’ensuivirent. Ce fut un évènement public, dont toute la nation (quelque 2.5 millions de personnes) fut témoin simultanément et en direct. Ils expérimentèrent tous la présence divine et virent D. se révéler à eux et déclarer Moché messager de Ses paroles. Cet évènement historique de grande envergure devint le fondement de notre connaissance de l’existence de D. et de Sa relation avec nous, et lorsqu’Il nous informa que Moché était Son messager, la Torah fut alors authentifiée sans l’ombre d’un doute.

Un évènement tellement impressionnant, qui s’est déroulé devant des millions de personnes, est une base incroyablement solide pour notre foi à travers les générations. Elle constitue ainsi une force beaucoup plus puissante que tout autre miracle ou prodige qu’un prophète n’ait jamais accompli.

1. Rambam (Maïmonide), Hilkhot Yéssodei HaTorah (Lois des fondements de la Torah), Ch. 8 : 1 – Les miracles à eux seuls ne peuvent pas inculquer la foi.

Le peuple d’Israël ne croyait pas en Moché Rabbénou pour les miracles qu'il avait accomplis. Car la personne qui en vient à croire grâce aux miracles se demande toujours si, au fond, ceux-ci ne sont pas le résultat de la sorcellerie ou de la magie.

 

Dans le désert, Moché fit des miracles dans le seul but de répondre à des besoins bien précis et non pas pour crédibiliser sa prophétie. Lorsqu'il fallut noyer les Égyptiens, il fendit la mer et ils y restèrent ; lorsque le peuple eut besoin de manger, il fit descendre la manne. Lorsqu'ils eurent soif, il fendit un rocher [et une source jaillit]. Lorsque l'assemblée de Kora'h remit en question son leadership, il fit en sorte que la terre les engloutit. Et le même principe s'applique à tous les autres miracles.

S’il en est ainsi, pourquoi les enfants d’Israël placèrent-ils leur confiance en Moché ? Grâce au don de la Torah au mont Sinaï – où nos yeux, non ceux d’un étranger, virent, et où nos oreilles, et non celles de quelqu’un d’autre, entendirent le feu, les sons et les flammes, et il s’approcha de la brume et la Voix lui parla et nous entendîmes : « Moché, Moché, va et dit-leur ainsi. » C’est ainsi que le verset dit : « C’est face à face que l’Eternel vous parla » et il est dit : « Ce n'est pas avec nos pères que l'Éternel a contracté cette alliance [mais avec nous]. »

Et d'où savons-nous que seul le don de la Torah est la preuve de la vérité de sa prophétie ? Parce qu’il est écrit : « Voici, Moi-même Je t'apparaitrai au plus épais du nuage afin que le peuple entende que c'est Moi qui te parle et qu'en toi aussi ils aient foi pour toujours. » Nous déduisons d'ici que jusqu'à présent, leur foi n'était pas absolue.

Comment le Ma‘amad Har Sinaï est-il devenu le fondement de notre foi ? Au mont Sinaï, le peuple d’Israël entendit D. leur parler et ils furent témoins de la nomination de Moché en tant que messager et représentant de D.. Cela raffermit leur confiance en la prophétie de Moché – et, par conséquent, en celle des prophètes à venir également.

2. Ibn Ezra, Chémot 19 : 9 – Avant Matan Torah, la foi du peuple juif n'était pas absolue. Mais après que toute la nation ait entendu D. lui parler et désigner Moché comme Son messager, ils furent animés d’une foi parfaite.

[Au moment de la traversée de la mer Rouge] certains individus doutaient de la prophétie. Bien que la Torah écrive : « Et ils eurent foi en l'Éternel et en Moïse, Son serviteur » et « Israël reconnut », il ne s'agissait pas de tout le peuple.

 

C'est la raison pour laquelle [D. dit à Moché] : « Afin que toute la nation m’entende te dire les dix commandements, et qu'en toi aussi ils aient foi  » – que tu es Mon prophète. À partir de ce moment-là, ils reconnurent la prophétie de Moché comme étant vraie. 

La foi que la révélation du Sinaï inculqua au peuple d’Israël était une croyance pure, totale et inaltérée en D. et en Moché, Son serviteur. Cette foi est au cœur de l’observance de notre Torah. L’observance juive est basée sur une conviction qui est, complètement et incontestablement, claire. Pour un Juif, l’existence de D., la divinité de Sa Torah et la conformité de la prophétie de Moché ne sont pas de simples « croyances » : ce sont des faits.

3. Rabbi Yaakov Neiman, Darkei Moussar, pp. 328-9 – Matan Torah est la source du fondement de la foi juive pour l’éternité.

Grâce au don de la Torah, ils crurent tous d’une foi parfaite.  Ils virent clairement D. parler à Moïse et à tout le peuple d’Israël de sorte qu’aucun doute ne subsistait. Ceci est la base de la croyance totale, lucide et claire.

 

Il est vrai qu’une croyance n’est inaltérée que lorsqu’elle est totale et claire, sans doute ni arrière-pensées. Une telle croyance ne pouvait être acquise qu'à travers le don de la Torah au Mont Sinaï. Comme l’explique le Rambam : « Grâce à quoi les enfants d’Israël crurent-ils en Moché ? Grâce au don de la Torah au mont Sinaï. » Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que leur foi devint constante et éternelle, sans la moindre trace de scepticisme.

La révélation du Sinaï suscita la foi en eux, car les enfants d’Israël furent exposés à une expérience visuelle tangible qui démontrait clairement la vérité de leurs croyances. Peut-être en accord avec l’expression populaire « Il faut le voir pour le croire », il ne leur a pas été simplement demandé d’accepter les principes de foi telque Moché les leur a rapportés mais Ils furent tous témoins oculaires d’une démonstration claire et irréfutable de la vérité de la Torah.

 

4. Rabbi ‘Haïm Friedlander, Sifté ‘Haïm, Vol. III, p. 55 – La foi par le biais d'une vision réelle partagée à l'échelle nationale.

C'était une croyance basée sur une vision prophétique palpable : [comme le dit le verset] « Et tout le peuple vit les sons. » Comme nos Sages l’ont expliqué, ils virent des choses qui ne peuvent normalement qu'être entendues. Quelque chose qui est entendu est plus distant [conceptuellement] de la personne que si elle l'avait vu. Dans leur prophétie, ils virent lorsque D. se révéla à Moïse sans barrière ni obstacle quelconques qui les auraient empêchés de voir cette révélation. C'est la raison pour laquelle la Torah témoigne : « Afin qu'en toi aussi [Moché] ils aient une foi éternelle. » Toute personne ayant pu assister à la révélation de D. de façon si réelle acquiert une foi éternelle.

La révélation du Sinaï étant le fondement de notre foi, il est donc logique que Chavou‘ot, fête où nous célébrons cette révélation, soit un moment propice au renforcement de notre foi.

5. Ibid. Vol. III, p. 65 – Chavou‘ot représente une opportunité naturelle pour renforcer notre foi.

Pendant ces jours où nous célébrons la révélation du mont Sinaï, il est essentiel de méditer sur le sujet, afin de pouvoir bénéficier de l'influence spirituelle spécifique à ces jours-là. Tout comme nous devons nous considérer comme sortis d'Égypte [le Séder de Pessa‘h a, en effet, été institué dans le but de stimuler cette sensation], de même il est vital de revivre la révélation extraordinaire qui eut lieu au Sinaï.

D. Créer une identité juive

Lorsque l’on approche la célébration de la Torah, qui est la caractéristique distinctive de Chavou‘ot, il est important de reconnaître que la Torah est bien plus qu’un sujet d’étude parmi d’autres. En effet, la Torah est une force incroyablement puissante qui a le pouvoir de transformer l’identité d’une personne et de l’élever sur tous les plans – spirituel, intellectuel et affectif.

1. Talmud Bavli, Pessa’him 68b – C’est la Torah qui fait toute la différence

Le jour de Chavou‘ot, Rav Yossef avait l'habitude de demander : « Préparez-moi une vache âgée de trois ans [afin de m'en faire un repas raffiné]. » Il disait aussi : « Si ce n'était pas grâce à ce jour-là, combien de Yossef y aurait-il dans la rue ? » [Sans la Torah, qui nous a été donnée à Chavou‘ot, il aurait été impossible de le distinguer du commun des mortels].

2. Rabbi Ye’hezkel Levenstein, Ohr Ye’hezkel, p.9 – L’étude et la pratique de la Torah fait de l’homme un être distingué et élevé, chose qu’il convient de célébrer.

Rav Yossef voulait dire qu'il avait mérité ses qualités et son autorité uniquement à travers le don de la Torah. Sans cela, il lui aurait été impossible d'atteindre un tel niveau. Car sans le don de la Torah, il n'y aurait pas eu de différence qualitative entre les individus, tout le monde aurait été au même niveau. C'est pourquoi, la veille de Chavou‘ot, il demandait à ce qu'on lui prépare un repas spécialement raffiné, car c'est uniquement grâce à Chavou‘ot qu'il y a une différence entre « Yossef » et « Rav Yossef ».

D. implanta un potentiel énorme dans l’étude de la Torah elle-même. Lorsqu’une personne l’étudie et s’investit pour la comprendre, la Torah a sur lui une influence puissante et l’élève à des niveaux spirituels supérieurs.

3. Lettres du ‘Hazon Ich, Vol. 1 Ch. 37 – Investir des efforts dans l’étude de la Torah élève la personne à des niveaux spirituels supérieurs de conscience et de compréhension.

La capacité principale qu’a la Torah d’élever l’homme à un niveau supérieur et à la connaissance de sa mission dans le monde provient de l’investissement total dans la Torah. Plus une personne se démène [dans l’étude de la Torah], plus il rompt les attaches du Mauvais penchant et en vient à mépriser les vains plaisirs [de ce monde]. Son âme aspirera à la sainteté, au plaisir de la sagesse et à la douceur de la pureté de cœur, et il reconnaîtra alors qu’un être humain n’est pas juste chair et sang…

Dans chaque génération, les grands sages de Torah sont aussi connus comme des parangons de piété et de vertu. Les histoires, soulignant leur grande pureté de caractère et les niveaux de sainteté quasi-surhumain qu’ils ont atteints, abondent. Nous pouvons interpréter cela comme une illustration de l’impact profond qu’a la Torah sur la personne qui l’étudie. Il n’est donc pas surprenant que les personnes qui se surpassent dans l’étude de la Torah ont toujours été celles qui excellent dans le perfectionnement de leur caractère

Le grand érudit Rav Yisrael Meïr HaKohen Kagan, le ‘Hafetz ‘Haïm, témoigna une fois devant un juge. L’avocat qui défendait cette cause voulait s’assurer que le juge donnerait le crédit qu’il méritait au témoignage du ‘Hafetz ‘Haïm ; il décida donc de décrire un peu la personnalité de ce dernier au juge : « Votre Honneur, » dit l’avocat, « J’ai ouï-dire que cet homme est d’une vertu inégalée. En fait, j’ai entendu qu’il surprit une fois un voleur dérober l’une de ses possessions et qu’il le poursuivit immédiatement en s’écriant ‘Je vous pardonne ! Je vous pardonne !’ Au lieu de s’inquiéter de la perte financière engendrée, il voulait s’assurer que le voleur n’avait pas transgressé. »

« Cette histoire me paraît incroyable, » dit le juge avec dérision. « Aucun être humain n’est capable d’une telle action ! »

« Votre Honneur, » répondit solennellement l’avocat, « même si cette histoire n’est pas vraie, le simple fait que je l’ai entendu atteste de la grandeur du rav. Après tout, personne n’inventerai une telle histoire sur quelqu’un comme vous et moi. »

E. Les mitsvot nous ont été données afin de perfectionner les hommes et de parfaire le monde

La Torah a deux dimensions qui sont complémentaires l’une de l’autre. La simple étude de la Torah purifie, raffine et élève tout être humain qui s’y livre. Nous étudions la Torah pour le savoir qu’elle nous apporte, mais nous l’étudions également pour nous familiariser avec ses préceptes afin de pouvoir les observer. Ainsi, l’observance des mitsvot qui se trouvent dans la Torah constitue également le chemin menant au perfectionnement de notre être, et du monde au sens large.

1. Rav Chimchone Raphaël Hirsch, Béréchit 9 : 27 – La Torah est la sagesse de D. que l’on doit appliquer à toutes les situations de la vie afin de faire de ce monde Son royaume.

Cette poursuite du spirituel… doit exister dans le but d'amener la personne à agir de manière adéquate, à trouver la bonne réponse à des conditions de vie variant sans cesse, afin « de préparer le monde à recevoir le règne de D. », comme nous le demandons dans nos prières journalières

Ce n’est pas un hasard si la Torah constitue notre guide de perfectionnement. C’est justement le but de la Torah et de ses commandements : nous permettre d’atteindre la perfection de nos corps et de nos âmes.

2. Rambam, Moré Névoukhim (Le guide des égarés), Vol. III: 27 – Parfaire l’esprit et le corps.

L'objectif de la Torah est double : parfaire l'esprit et le corps. Parfaire l’esprit signifie que la personne doit chercher à atteindre une perception du monde aussi juste que possible… Parfaire le corps veut dire améliorer ses relations avec les autres êtres humains.

3. Rambam, Michné Torah, fin de Hilkhot Témoura – Les mitsvot sont les instructions et les conseils de D. pour notre vie et l’amélioration de notre personnalité.

Et toutes ces choses [les mitsvot] sont là pour nous aider à vaincre notre Mauvais penchant et corriger nos traits de caractère. La majorité des lois de la Torah sont des instructions du Grand Conseiller, destinées à nous aider à améliorer notre caractère et retourner dans le droit chemin.

En quoi les mitsvot constituent-elles un guide de perfectionnement ? Le Midrach qui suit nous en livre la réponse.

 

4. Midrach Rabba, Béréchit 44 : 1 – Les mitsvot permettent à l’humanité de s’améliorer.

Quelle différence pour D. si nous abattons un animal en lui tranchant la tête par la gorge ou par la nuque ? [La réponse est :] « Les commandements ont été transmis à l'homme dans le but unique d'améliorer l'humanité. »

Quiconque ayant avancé spirituellement à travers la Torah et les mitsvot témoignera du fait que le plus grand épanouissement qu’une personne puisse atteindre dans la vie se trouve dans le développement et l’accomplissement d’ordre spirituel. Cette idée est l’une des allusions de l’offrande des deux pains apportée au Temple à Chavou‘ot.

5. Rabbi Eliyahou Dessler, Strive for Truth, Vol. IV, pp. 31-32 – Se concentrer sur le développement spirituel, par opposition à la stagnation matérialiste.

En ce jour [Chavou‘ot], nous apportons à D. une « offrande nouvelle », composée de deux pains de blé. Elle est appelée «  offrande nouvelle » car c'est la première offrande que nous apportons de la nouvelle moisson. Il existe aussi une raison plus profonde. Cette offrande marque notre acquisition du niveau spirituel nécessaire pour recevoir la Torah ; or, chaque acquisition spirituelle est complètement nouvelle –  un nouveau monde en réalité – lorsqu'on la compare aux niveaux atteints au préalable. Dans le monde du matérialisme, rien n'est vraiment nouveau. Satisfaire ses désirs physiques revient en fait à satisfaire quelqu'un d'autre. Le plaisir diminue rapidement et la poursuite de la « nouveauté » reprend le dessus, mais le résultat est toujours le même. L’excès de plaisir matériel provoque finalement le dégout et réduit complètement la jouissance. A l'inverse, un accomplissement d'ordre spirituel ne perd jamais de son intensité. La douceur ressentie dans l'étude de la Torah et le service de D. est constante. Ceci est la preuve la plus convaincante de la vérité de notre héritage spirituel.

F. Insuffler la spiritualité dans le monde matériel

Nous comprenons donc que la Torah et les mitsvot sont des véhicules extraordinaires du perfectionnement de soi. Cela permet d’éclaircir un autre point : le but même de la Torah, qui est intrinsèquement connecté au but de ce monde. En nous donnant la Torah, D. créa, pour ainsi dire, un moyen de manifester la sainteté et la spiritualité de Sa présence dans ce monde. La Torah et les mitsvot introduisent le divin au quotidien, mais ont aussi l’effet inverse ; en observant les mitsvot, nous élevons le monde matériel, le transformant en véhicule de la spiritualité.

1. Talmud Bavli, Chabbat 88b-89a – Lorsque Moché monta au ciel pour recevoir la Torah, les anges s’opposèrent à ce qu’elle lui soit donnée, cependant il soutint que les commandements de la Torah ont été conçus pour être observés sur terre.

Rabbi Yehochou‘a ben Levi enseignait : « Lorsque Moché monta au ciel [pour recevoir la Torah], les anges dirent au Saint, béni soit-Il : « Maître de l’univers, que fait cet homme parmi nous ? » Il leur répondit : « Il est venu recevoir la Torah ». Ils lui dirent : « Ce précieux trésor caché, que Tu as dissimulé pendant 974 générations, Tu souhaites le donner aux êtres humains ? « Qu’est donc l’homme pour que Tu penses à lui ? Eternel, notre Seigneur, que Ton Nom est glorieux par toute la terre ; car tu as répandu Ta majesté sur les cieux ! » »

D. dit à Moché : « Répond leur! »…

[Moché] dit : « Maître de l’univers, que dit la Torah ? »

[D. répondit :] « Il est dit : « Je suis l’Eternel, ton D., qui t’as fait sortir d’Egypte. » »

[Moché dit aux anges :] « Etes-vous descendus en Egypte ? Avez-vous été les esclaves de Pharaon ? Pourquoi devriez-vous recevoir la Torah ? »

Une fois de plus [il demanda à D. :] « Qu’y est-il écrit ? »

[D. dit :] « Tu n’auras pas d’autres dieux que Moi. »

[Moché dit aux anges :] « Vivez-vous parmi les nations qui servent les idoles ? »

Et de nouveau : « Qu’y est-il écrit ? »

« Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. »

« Travaillez-vous pour avoir besoin de repos ? Que dit-elle d’autre ? »

« Honore ton père et ta mère. »

« Avez-vous un père et une mère ? Que dit-elle d’autre ? »

« Tu ne tueras point, tu ne commettras point d’adultère, tu ne voleras point. »

« Y a-t-il de la jalousie entre vous (pour que vous puissiez en être amené à tuer) ? Quiconque parmi vous a-t-il un mauvais penchant ?

Les anges furent immédiatement d’accord avec D….

Ce passage du Talmud nous enseigne que les anges soutenaient que la Torah appartient aux cieux et ne devrait pas être donnée aux hommes. Moché réfuta leur objection en leur prouvant que les mitsvot ne s’appliquent pas aux anges. Lesmitsvot de la Torah n’ont été conçues que pour le monde matériel et elles ne sont applicables qu’aux êtres humains, à la nature physique.

2. Rabbi ‘Haim Friedlander, Sifté ‘Haïm, p. 128 – Le but de la Torah est de faire du monde matériel un réceptacle pour la spiritualité.

Moché prouva aux anges que… la Torah a été créée principalement pour être donnée aux êtres humains qui peuplent la terre. Car ce sont les [actions physiques des] mitsvot qui augmentent l’honneur de D. et d’elles est bâti Son trône de gloire…

Ceci constitue la grandeur de l’homme. Il peut transformer son corps, qui est par nature éloigné de la lumière de la « face » de D., en un réceptacle à travers lequel la lumière de D. brillera lorsqu’il l’utilise pour accomplir Sa volonté en observant la Torah et les mitsvot

Nous voyons que l’homme a la capacité de créer une nouvelle entité, i.e., de faire de son corps physique un outil qui l’aidera à atteindre la spiritualité à l’état pur…

Ainsi, le fait d’appliquer la Torah à notre vie quotidienne ne constitue pas qu’un aspect tangible de celle-ci mais toute l’essence de la Torah. Tout le but de la Torah est de permettre à l’homme d’atteindre de hauts niveaux spirituels – en introduisant D., pour ainsi dire, dans le monde matériel.

3. Rabbi Abraham J. Twerski, Twerski on Spirituality, p. 10 – La spiritualité n’implique pas une dissociation de la vie matérielle ; cela veut dire vivre une vie normale imprégnée de spiritualité.

La spiritualité ne consiste pas à se retirer de la société et à s’isoler tel un reclus, à se nourrir du strict minimum afin de se maintenir en vie, à dormir à même le sol, et à consacrer toute la journée à la prière et la méditation. A l’époque du Second Temple, les membres de la secte des Esséniens s’étaient séparés de la société afin de se consacrer totalement à la prière et à l’étude de la Torah. Ils rejetaient tout ce qui procure satisfaction physique et s’abstenaient donc de consommer de la viande, de boire du vin et de se marier.

Ce n’est pas le type de spiritualité préconisé par la Torah. Il nous est permis de consommer de la viande et de boire du vin judicieusement, et nous sommes tenus de nous marier et de fonder une famille. Nous devons travailler et nous lancer dans le commerce. En résumé, nous devons vivre une vie normale, mais toutes les activités que cela implique doivent être imprégnées de spiritualité.
G. Chaque Chavou‘ot, nous recevons à nouveau la Torah

Nous passerions à côté d’une dimension essentielle de la fête de Chavou‘ot si nous omettions de parler d’un autre point qui revêt une importance considérable. Chavou’ot ne commémore pas simplement un évènement passé important. Bien plus que cela, c’est le jour où, chaque année, ce même évènement se reproduit et est recréé. Chaque fête est porteuse d’un grand potentiel spirituel qui lui est propre. Ainsi, les mêmes forces spirituelles qui étaient en action il y a des milliers d’années se représentent chaque année à ces dates.

1. Rabbi Eliyahou Dessler, Strive for Truth, Vol. IV, p. 49 – Guetter le Matan Torah aujourd’hui.

Chaque Chavou‘ot… nous atteignons, spirituellement parlant, le même niveau de sainteté que nos ancêtres au mont Sinaï. C'est à nouveau, réellement, « le moment du don de notre Torah » et nous sommes invités à l'accepter à nouveau, comme nos ancêtres le firent il y a 3300 ans.

 

À Chavou‘ot, nous devons travailler afin de recevoir la Torah. Nous devons nous efforcer de l'intégrer dans nos cœurs. Nous avons le devoir d'accepter ses vérités comme des vérités immuables… la nation entretenait en elle des doutes persistants… Et ce n’est que lorsqu'ils entendirent la voix de D. au Sinaï que le doute fit place à la certitude absolue.

2. Rabbi Chalom Brézovsky, Nétivot Chalom, Moadim, Vol. II, p. 334 – La Torah a été donnée dans le passé, mais notre aptitude à la recevoir se présente chaque année à Chavou‘ot.

Il est écrit dans les livres saints que, de même que la Torah est éternelle, la possibilité de recevoir la Torah est aussi éternelle. Chaque année, à Chavou‘ot, notre aptitude à recevoir la Torah est renouvelée. C'est ce que nous récitons dans nos prières et dans le Kiddouch : « Le moment du don de notre Torah. » Cela signifie qu'il ne s'agit pas là d'une fête nous rappelant simplement que D. nous a donné la Torah par le passé, mais qu’au contraire, chaque année à Chavou‘ot, c'est à nouveau le moment du don de la Torah.

A dire vrai, bien que le potentiel spirituel du Ma‘amad Har Sinaï soit à son apogée à Chavou‘ot, jour où la Torah fut donnée, le don de la Torah est un processus continu, celui de ceux qui ont lieu chaque jour, dans chaque génération. Chaque fois qu’une personne étudie la Torah et s’y investit, c’est comme si elle revivait la révélation du Sinaï.

                                                                                                      

3. Rabbi ‘Haïm Friedlander, Sifté ‘Haïm, Vol.III, p. 169 – Le don de la Torah est éternel et continu.

Le don de la Torah au mont Sinaï est éternel et continu, comme il est dit dans le Midrach : « Une personne doit se considérer comme si elle avait elle-même reçu la Torah au mont Sinaï, comme il est écrit : « Ce jour-là tu es devenu le peuple de l'Éternel ton D. » (Dévarim 27 : 9) ». Le don de la Torah ne fut pas un événement unique ; au contraire, il nous influence de manière quotidienne.

 

Le Néfech Ha‘Haïm l'explique de la manière suivante : « Lorsqu'une personne s'implique et s'attache à la Torah comme il se doit, la joie est aussi grande qu'au mont Sinaï. » Nous trouvons cette idée aussi dans le Zohar : « Celui qui s'investit dans la Torah est considéré comme s'il recevait la Torah sur le mont Sinaï tous les jours, comme le dit le verset : « Ce jour-là, tu es devenu une Nation... » » Celui qui investit ses forces dans la Torah, c'est comme s'il se tenait tous les jours sur le mont Sinaï pour la recevoir.

4. Ibid. Vol. III, pp. 180-181 – Nous pouvons mériter l’influence du mont Sinaï n’importe quel jour de l’année.

Les paroles de nos Sages nous éclairent sur ce point (Rachi, Chémot 19 : 1) : « Ce jour-là, Israël est arrivé au mont Sinaï… » L'expression « le jour même » aurait été plus appropriée ; pourquoi le verset précise-t-il : « ce jour-là »? C'est donc pour nous enseigner que les mots de la Torah doivent nous paraître nouveaux comme s’ils nous avaient été donnés aujourd'hui.

 

Dans la pratique, à chaque fois que l’homme étudie la Torah de manière appropriée, il reçoit une inspiration de D. semblable à celle qui animait nos ancêtres au mont Sinaï. C'est la raison pour laquelle la Torah déclare « ce jour-là » – comme au jour de leur arrivée au désert du Sinaï.

Ce cours a été rédigé par Rabbi David Sedley

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